Le travail abstrait de Mélanie nous parle de la matière, comme nous l’avons déjà évoqué, mais aussi du hasard. Si l’intention créatrice émane de l’artiste, il existe une part non calculée dans l’application des mélanges et une fois son travail achevé, la toile a une vie propre. Ainsi la phase de séchage fait déjà subir une première transformation au tableau?: c’est devant son poêle japonais que l’artiste expose chaque tableau pour le chauffer, le mettant ainsi à rude épreuve. « Marquée au rouge » l’œuvre n’en est pas figée pour autant et les peintures continuent à s’oxyder ou à se charger d’humidité au grès des saisons et de la météo. C’est, en somme, une œuvre en mutation permanente qui exprime son tempérament sans jamais s’altérer.
C’est plus particulièrement dans ses diptyques et ses triptyques que Mélanie met en exergue la notion de hasard et de vie propre de son travail. Le choix de ce support multiple met en lumière l’évolution de la technique choisie qu’il est impossible de reproduire deux fois à l’identique même lorsqu’elle est structurée en formes géométriques (triptyques aux carreaux).
Christine Bouchard.